La situation des conjoints d’expatriés vue par une experte de l’expatriation.

Angela Isamat est actuellement la Head of Operations chez Kokoon. Elle est née en Espagne où elle a commencé ses études d’informatique avant de les poursuivre en Ecosse. Elle s’expatrie en France à la suite de ses études, où elle travaille dans une agence de pub avant de rejoindre l’équipe marketing de La Poste.

Après quelques années elle démissionne pour suivre un master en marketing opérationnel.

À la suite de son master, en 2002, elle commence à s’occuper des expatriés avec la création de MAMSWORLDWIDE. Puis en 2014, avec des associés, elle décide de monter la filiale française d’une société de relocalisation espagnole (ERES Relocation).

En 2019, elle rencontre le co-fondateur de Kokoon et décide de rejoindre l’entreprise car leur vision au sujet de la relocalisation des expatriés correspondent parfaitement.

Au cours de sa carrière, Angela a toujours attaché une grande importance à placer l’humain au centre de ses préoccupations. Cela fait maintenant 20 ans qu’elle travaille dans le milieu de la relocalisation des expatriés.

Nous l’avons donc interviewée pour avoir son ressenti sur la situation des conjoints d’expatriés aujourd’hui et pour qu’elle nous donne son opinion.

Les conjoints d’expatriés ne sont pas assez considérés

Depuis que je fais ce métier et que je suis confrontée au monde de l’expatriation, j’ai observé quelques changements. Mais trop peu! Dans beaucoup d’entreprises, le conjoint est laissé de côté et n’est que peu, voir pas considéré.

J’ai accompagné environ 2500 familles dans leur expatriation et j’ai constaté qu’au-delà du fait que le conjoint n’est pas suffisamment pris en considération, il y a une forte disparité hommes-femmes. C’est-à-dire que, dans les cas où l’homme est l’expatrié, la femme a tendance à dire qu’elle veut s’occuper des enfants avant de trouver un travail. Alors que si la femme est l’expatriée, le mari souhaite en général, travailler rapidement.

Donc au-delà du manque de considération de la part des entreprises, les femmes n’ont toujours pas cette volonté de privilégier leur carrière.

Et c’est à nous, les personnes qui travaillons dans le milieu de l’expatriation de faire évoluer ces mentalités. Le problème est que tous les professionnels ne sont pas forcément d’accord sur la manière dont il faut s’occuper des conjoints.

Il y a une phrase qui met bien en lumière cette situation et sur laquelle les opinions divergent : 

« Le syndrome du conjoint suiveur concerne la sphère privée »

Je suis fortement en désaccord avec cette idée et je sais que je ne suis pas la seule.

J’ai assisté à un rendez-vous avec Total, au Nigéria. Ils ont soulevé le fait que ce qui pose le plus de soucis aux entreprises (surtout dans les pays dit « difficiles »), c’est de faire en sorte que la personne se concentre sur son travail et non sur tous les éventuels « problèmes » liés à son expatriation. Il faut donc aider l’expatrié à résoudre ces problèmes.

Je me suis rendu compte que même au sein des entreprises qui accompagnent les expatriés, le sujet du conjoint n’est pas assez abordé. Lorsque je travaillais encore dans ma première entreprise de relocalisation, on ne parlait de la double carrière chez les couples expatriés qu’avec une petite partie de nos clients.

Nous avions des clients « Directs » et des clients « Globaux ». Cependant, nous ne pouvions aborder ce sujet qu’avec les clients directs car les « Globaux » eux, passent par des intermédiaires, souvent situés à l’étranger.

Même chez les géants, comme Google, la situation des conjoints d’expatriés est difficile

Pour appuyer sur le fait qu’aujourd’hui les choses ont très peu changé, je vais prendre un exemple récent qui illustre bien ceci. Je connais une conjointe d’expatrié de chez Google qui travaillait elle aussi pour Google.

Même chez les géant comme Google la situation des conjoints d'expatriés est difficile

Ils ont déménagé à Helsinki car lui a reçu une promotion. Sa conjointe travaillait aussi chez Google, mais ils ne lui ont pas trouvé de poste sur place. Pour l’aider, ils l’ont mise en relation avec un cabinet d’ outplacement. Ce cabinet lui a simplement demandé son CV et n’a effectué aucune autre démarche pour l’aider.

Google lui a proposé des cours de Finnois pour l’aider à s’intégrer. Ils étaient au courant depuis longtemps de son départ et elle n’a eu des cours qu’une fois sur place. C’est bien dommage, car des cours en amont (puis sur place) auraient facilité son intégration.

Les entreprises peuvent faire bien plus pour les conjoints d’expatriés. Je pense qu’il y a déjà 4 points essentiels qu’elles devraient toutes suivre :

Comment améliorer la situation des conjoints d'expatriés ?

Une expatriation c’est un projet de famille donc si l’on veut un talent, il est important de prendre en compte toute sa famille.

Pour moi, il est essentiel que les entreprises rencontrent les conjoints, avant pendant et après l’expatriation. Il faut que les entreprises comprennent ce qu’entraîne l’arrivée d’un expatrié. Ce n’est pas seulement d’acquérir un nouvel employé. Pour que l’expatriation soit un succès, elle doit être un succès pour le conjoint (et les enfants).

Il doit donc y avoir un accompagnement de l’expatrié et sa famille en 3 phases :

Avant :

pour construire le projet ensemble et que le conjoint se sente autant concerné que l’expatrié.

Pendant :

pour favoriser l’intégration, et aider les conjoints à trouver un projet d’expatriation personnel.

Après :

pour préparer le retour, qui peut être aussi dur que le départ (contre-choc culturel).

Je pense notamment aux français qui rentrent d’expatriation. Le point le plus important c’est le choc culturel qu’ils subissent à leur retour. La France qu’ils ont quittée n’est plus celle qu’ils retrouvent. De plus, l’écart de culture avec le pays où ils étaient en expatriation est souvent énorme. Il faut également ajouter à ça une baisse de leur pouvoir d’achat au retour.

Dans le cas d’étrangers qui quittent la France, c’est pareil. J’ai accompagné des américains. Ils étaient expatriés à Lyon et ils devaient repartir aux USA. Plusieurs problèmes se sont posés. Leurs enfants avaient suivi un cursus français et la passerelle avec le système éducatif américain posait un problème. L’autre souci qu’avait cette famille était la séparation de leurs enfants avec tous leurs amis, en France, pour retourner dans un pays où ils n’en avaient aucun. De plus, à cause de la crise sanitaire, leur retour a été avancé de 6 mois et la famille a eu beaucoup de mal à se réintégrer aux États Unis.

Pour qu’il y ait moins d’échec d’expatriation, les entreprises doivent réfléchir à leur façon de faire et être plus à l’écoute des expatriés et de leur conjoint. Elles peuvent préparer d’avantage les expatriations en tenant vraiment compte des possibilités pour les 2 personnes du couple (double carrière). Certaines entreprises ont déjà lancé le mouvement, mais il reste tant à faire!

Les entreprises savent qu’une expatriation est une opportunité pour une personne mais c’est surtout une opportunité pour l’entreprise. Créer de la valeur en déplaçant les esprits et les compétences, c’est une valeur incroyable. Cela permet de développer une marque forte et d’avoir des gens engagés pour l’entreprise.

Mais cela ne peut fonctionner que si c’est une réussite professionnelle et personnelle pour l’expatrié et sa famille.

Découvrez les témoignages d’Ana et d’Ezgi. Une expatrié et une conjointe d’expatrié qui ont comparé leurs expériences: https://absolutely-french.eu/expatriation-reve-ou-cauchemar/

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