La Dépendance financière : un défi méconnu de l’expatriation

 

Ça y est. Vos valises sont prêtes, les formalités faites. Vous êtes sur le départ.

Vous vous apprêtez à vivre une expérience unique, celle de l’expatriation, une aventure humaine riche de promesses et d’épanouissement personnel et familial (vous êtes loin de penser à une quelconque dépendance financière!).

Mais, une fois dans ce pays inconnu, vous êtes quelque peu décontenancé. La réalité se fait plus dure que ce que vous aviez imaginé.

Choc culturel, nouvelles habitudes, nouveaux repères, vos relations sont chamboulées. Les relations humaines, bien-sûr, vous vous retrouvez sans attache ni amis. Mais, cette expérience met également à mal votre relation à l’argent. Vous qui avez quitté votre travail pour suivre votre conjoint, vous vous retrouvez, d’un coup, dans une situation de dépendance financière.

Ce sentiment, je le connais bien. Je suis, moi aussi, passée par ces étapes.

Du jour au lendemain, je n’ai plus gagné ma vie par moi-même. Mais, ce qui m’a le plus atteint est la perte de mon statut. Je suis devenue invisible, “la femme de”. Une rétrogradation de rang difficile à accepter pour chaque personne qui a investi dans sa carrière professionnelle.

Ce ressenti, de nombreux conjoints d’expatriés le connaissent.

La dépendance financière :

une ombre sur le tableau de l’expatriation

Contrairement à l’image d’Epinal que nous en avons, tout ne va pas de soi dans l’expatriation. Ce n’est pas un “long fleuve tranquille” !

Dans le monde actuel, la dépendance financière pose question, de manière générale. L’expatriation ne fait qu’interroger cette problématique et nous renvoie en miroir nos façons de penser et de fonctionner.

Éliminons de suite le cliché du conjoint d’expatrié, ce(tte) desperate husband/housewife qui passe son temps à se détendre au bord d’une piscine, à faire du shopping et dépenser tout l’argent du ménage.

Il y a quand même souvent des histoires de piscine!

Photo de 2003 ?, quand je travaillais au Bénin.

dépendance financière des conjoints d'expatriés

S’arrêter à cette image oisive est biaisé. Un tel point de vue fait abstraction des injonctions sociétales et annihile la volonté d’émancipation et d’épanouissement professionnel des conjoints d’expatriés. Une large majorité d’entre eux n’est pas dans ce schéma d’un autre âge. Ils ont accepté de mettre entre parenthèses leur carrière professionnelle alors même qu’ils ont investi dans leurs études. 76% d’entre eux ont un Bac+4 ou plus !

Ce que la dépendance financière implique dans le couple expatrié :

  • un déséquilibre dans la relation du couple et donc une dépendance à l’autre : si ça se passe mal et que je veux partir, comment je fais, avec quel argent ?
  • une perte de choix de ce que l’on achète, de ce qu’on fait
  • un besoin de parler au conjoint pour valider des achats ou pire demander de l’argent
  • et donc une perte d’autonomie, une infantilisation.

Pour ceux qui vivent une vie de couple « normale » où la communication est fluide et simple, avec une vision d’équipe, il n’y aura aucun problème.

Cette situation de dépendance est très liée au fait de ne pas travailler ou de ne pas avoir un emploi à la hauteur de ses qualifications. Le conjoint d’expatrié a alors l’impression de se sacrifier pour l’autre. En découlent des sentiments de frustration, de renoncement.

 

A lire : Le choc culturel pour le conjoint d’expatrié

 

Etre dépendant financièrement : dangereux pour le couple?

Dans notre société, cette question prend un écho particulier. La vision actuelle veut que chaque partie du couple soit en capacité de satisfaire ses besoins matériels et financiers.

Lors de mon expatriation en Chine, je n’ai pas pu travailler. Je me souviens de mon malaise à chaque fois que je devais solliciter l’avis de mon mari pour des dépenses plus importantes ou que j’empruntai sa carte bancaire. J’avais le sentiment de rétrograder, de faire marche arrière.

Mais, j’ai vu des situations plus dérangeantes, à l’image de cette jeune femme, lors de mon expatriation en Inde… Son conjoint lui avait alloué un budget pour les dépenses de la semaine. Mais, il n’était pas en adéquation avec le coût de la vie. Régulièrement, en fin de semaine, elle se retrouvait bloquée, comme un enfant qui aurait dépensé tout son argent de poche. Et on l’invitait donc à déjeuner.

Être dépendant financièrement peut alors être perçu et vécu comme une perte d’autonomie, voire une infantilisation. Une conjoncture d’autant plus ambivalente que, vue de l’extérieur, le conjoint d’expatrié est envié.

Enfin, ce sujet va bien au-delà d’une “simple affaire” de gestion de l’argent du foyer. Elle convoque une autre problématique, celle de l’égalité hommes-femmes. Rappelons que 90% des conjoints d’expatriés sont des femmes…

Se retrouver dépendant financièrement peut donc déboucher sur une véritable crise identitaire, créer un déséquilibre qui, s’il n’a pas été anticipé, peut avoir des effets délétères sur le couple et l’ensemble de la famille.

Seulement 5 millions de femmes expatriés

 

Comment éclairer les conjoints d’expatriés ?

Favorisons leur carrière !

Ce que peuvent faire les entreprises :

L’expatriation est une source formidable d’épanouissement pour chacun des membres de la famille.

Et les entreprises peuvent jouer un rôle positif pour aider les expatriés à vivre pleinement leur expatriation.

Voici les points qui peuvent aider les ressources humaines à favoriser la double carrière chez les couples expatriés :

  •   un accompagnement du conjoint pour qu’il définisse un projet d’expatriation (avant ou en arrivant)
  • une formation dans la langue du pays pour l’intégrer
  • une aide pour comprendre les différences culturelles et mieux comprendre comment trouver du travail
  • une aide pour lui expliquer le monde du travail local et/ou les possibilités de formations pour développer des compétences
  •  une mise en réseau pour qu’il rencontre des personnes sur place
  • et surtout un visa qui lui permette de travailler si il le souhaite
favorisons la carrière du conjoint d'expatrié

Un projet d’expatriation contre la dépendance financière!

Évidemment, je suis convaincue qu’un accompagnement global des conjoints d’expatriés est essentiel, à leur épanouissement mais également à la réussite de l’expatriation. Dans mon cas, cela a été incontestablement un manque.

Ainsi, je plaide toujours pour que les conjoints d’expatriés définissent un objectif mûrement réfléchi, un cap qui les projette et donne du sens à l’expérience qu’ils s’apprêtent à vivre : un projet d’expatriation! (ce que nous accompagnons dans nos formations!)

Il est primordial qu’ils soient au clair avec leur conception, leur programme, pas seulement celui de l’époux/épouse ou de la famille. La dépendance financière peut être choisie, assumée et faire partie intégrante du projet du conjoint d’expatrié, mais dans ce cas-là, elle doit être vraiment réfléchie.

Pour finir, quels conseils donneriez-vous aux entreprises pour favoriser cette double carrière au sein des couples expatriés ?

Que peuvent-elles faire pour aider les conjoints d’expatriés ?

Quel type de service vous a réellement aidé ?

 

Article écrit par Armelle Perben

Fondatrice, Conjointe d’expatrié et CEO d’Absolutely French

www.absolutely-french.eu

armelle perben-absolutely french- fondatrice

Armelle défend la double carrière en expatriation,
pour le bonheur de l’expatrié, et la carrière des conjoints d’expatriés,
parce que ce sont aussi des talents !

Absolutely French est la première école de français ??

dédiée à l’intégration des conjoints d’expatriés.

Notre mission principale est de favoriser la double carrière chez les couples expatriés ! ❤️

Avec nos formations de français, ludiques, conviviales et innovantes, nous vous garantissons une intégration réussie !

Vous voulez apprendre avec nous ? Inscrire un conjoint d’expatrié ?

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